L'agence spatiale nationale chinoise (ASNC) lance dans la soirée du 23 novembre sa nouvelle sonde d'exploration lunaire, Chang’e 5, une opération complexe et inédite pour la Chine.
Chang'e, déesse de la LunePour rappel, l’ambitieux programme d'exploration lunaire Chinois, aussi appelé CLEP pour Chinese Lunar Exploration Program, est surnommé Chang’e du nom de la déesse de la Lune dans la mythologie chinoise, un choix qui rappelle la mission Artémis. Par rapport à ses concurrents américains, l’agence spatiale chinoise est relativement jeune dans l’exploration spatiale, et compte donc sur la Lune pour rattraper son retard technologique, avec comme objectif final l’envoi de missions habitées d’ici 2030. Le CLEP se compose de trois phases: une première phase de reconnaissance et de cartographie réalisée par les orbiteurs Chang’e 1 et 2, une phase d’exploration au sol menée par deux rovers “Yutu”, et une troisième phase de collecte d’échantillons qui devrait donc débuter ce mois ci.
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Depuis le début du programme en 2007, la Chine a réalisé avec succès les deux premières étapes de son projet d’exploration lunaire, et s'est même faite remarquée en posant Yutu 2 sur la face cachée de la Lune, une grande première dans l’histoire de l’exploration de notre satellite. Lancée par la fusée chinoise Long March, la sonde Chang’e 5 marque donc le début de la troisième phase du programme, et doit prélever 2 kilogrammes d’échantillons de roches lunaires pour les rapporter sur Terre d’ici la fin de l’année.
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quatre étage pour UNE sondeComposée de 4 étages, le vaisseau de 8 tonnes utilisera un module de service pour faire le voyage entre la Terre et la Lune, un atterrisseur pour se poser à la surface de notre satellite, un étage pour remonter les échantillons de roches sur l’orbite lunaire, et une capsule chargée de ramener la précieuse cargaison sur Terre en décembre. En comparaison, il y a cinquante ans les soviétiques ramenaient sur Terre leurs premiers échantillons lunaires grâce à Luna 16, un vaisseau plus simple composé de deux parties: un étage de descente chargé de se poser sur la Lune et un véhicule de retour chargé de ramener les échantillons.
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Une opération délicateChang’e 5 est donc une mission délicate selon les experts, car en plus de l’architecture complexe du véhicule, elle relève trois nouveaux défis technologiques inédits pour la Chine: collecter des échantillons, les amener en orbite lunaire pour un rendez-vous avec le véhicule de retour, et ramener intacts les prélèvements sur Terre. Après son décollage, la sonde se posera dans l’océan des tempêtes, aussi appelée mer de la connaissance, une plaine de basalte habituée à recevoir de la visite, puisque les sondes spatiales Luna et Surveyor s’y sont déjà posées avant le module lunaire intrepid de la mission Apollo 12.
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La Chine ambitionne de bâtir une station de recherche scientifique dans les régions du pôle sud de la Lune et de réaliser des missions lunaires habitées dans une dizaine d'années.
Une nouvelle course à l'espace?Si tout se passe comme prévu, la Chine répètera la même opération avec une copie de son vaisseau, nommée Chang’e 6, pour cette fois-ci prélever des échantillons de roches sur la face cachée de la Lune! L’agence spatiale chinoise affiche clairement ses ambitions, comme l’a rappelé l’an dernier son directeur, Zhang Kejian: « La Chine ambitionne de bâtir une station de recherche scientifique dans les régions du pôle sud de la Lune et de réaliser des missions lunaires habitées dans une dizaine d'années. ».
Avec cette prouesse technologique, la Chine suit les pas de la NASA et de la mission Artémis, dont le calendrier pourrait être compromis suite au résultat des dernières élections, et on peut aujourd’hui se demander laquelle des deux agences spatiales retournera sur la Lune au terme de cette nouvelle course à l’espace! PH Le Besnerais
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